Markus Jordi: «Nous devons laisser respirer l’organisation»

Les CFF font l’objet de critiques. Le grand public parle de crise de confiance. «Les cheminots en ont assez», titre le Tages-Anzeiger. Andreas Meyer, CEO, a annoncé son départ, et l’enquête auprès du personnel aura lieu bientôt. Markus Jordi, directeur CFF HR, commente la situation.

Temps de lecture: 4 minutes

Markus, comment considères-tu la situation?

Je juge que la situation actuelle est exigeante. Les dernières publications des médias accentuent ce sentiment. Cela me fait du souci.

À quoi est-ce dû, à ton avis?

Le tragique accident du 4 août a été, pour beaucoup de membres du personnel, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les nombreuses réorganisations successives épuisent le personnel. La situation de l’exploitation est difficile. Nous avons des problèmes de ressources en matériel roulant et dans certaines catégories du personnel, ainsi que des chantiers et trains spéciaux en grand nombre. La frustration naît de toute cette accumulation, et je peux la comprendre.

À t’entendre, on dirait que le problème est généralisé.

Non, nous avons aussi accompli de grandes choses ensemble: plus de 1900 trains spéciaux, chaque jour 1,29 million de voyageurs transportés, plus de trois millions de voyageurs titulaires d’un abonnement général ou demi-tarif. Et dernièrement, nous avons posé des bases importantes en matière de concession pour le trafic grandes lignes et de stratégie de partenariat pour Cargo. C’est un travail extraordinaire pour lequel j’adresse un grand merci à toutes nos collaboratrices et à tous nos collaborateurs.

Cela fait des années que la Direction du groupe et le personnel d’encadrement réfléchissent à des mesures à prendre. Pourquoi n’arrive-t-on pas à combler l’écart entre le management et la base?

L’écart entre le personnel et la direction des CFF est perceptible et s’est même accru ces derniers temps. Nous savons que nous devons mieux communiquer les tenants et les aboutissants des changements, et être davantage à l’écoute. Ce n’est pas nouveau pour nous, mais nous n’y parvenons pas suffisamment. Peut-être devons-nous davantage nous inspirer de nos partenaires sociaux: leur langage est plus proche de celui de nos collaboratrices et collaborateurs.

Comment en sommes-nous arrivés là?

Ces dernières années ont été marquées par de très nombreux changements, très rapides. Il est compréhensible qu’il soit devenu presque impossible de savoir pourquoi nous changeons les choses à un tel rythme. Par le passé, nous n’avons pas assez clairement dit et montré que pour nous, «maîtriser le rail» est essentiel. Il est clair que ces changements sont indispensables, et leur rythme est en partie dicté par l’extérieur. Pourtant, et c’est une évidence, nous devons mieux réussir le lancement de nos grands projets, dès le début.

Mais cela ne suffit pas?

Non, absolument pas. Nous n’avons pas atteint notre objectif si seul le personnel de la centrale nous suit. Il est très important que nous nous rapprochions de la base, que nous expliquions nos décisions, que nous privilégions l’échange direct et que nous recevions des retours directs. Autre chose: nous devons prendre encore plus au sérieux les retours de notre personnel. Nous devons en faire quelque chose de concret, et donner notre propre feed-back.

Comment toi-même et la direction entendez-vous retrouver la confiance du personnel? Que faites-vous pour y parvenir?

Il me paraît important que nous soyons davantage à l’écoute de nos collaboratrices et collaborateurs, que nous nous soumettions à la critique et favorisions des échanges de qualité. Nous devons réduire la pression et le rythme et laisser l’organisation respirer. Il nous faut régler aussi rapidement que possible les problèmes connus. Je souhaite aussi que notre communication soit plus réaliste. Si quelque chose ne va pas bien, nous devons l’accepter et expliquer comment nous allons aborder le problème. Point final.

L’enquête auprès du personnel 2019 commence bientôt

L’enquête auprès du personnel 2019 se déroulera du 30 septembre au 18 octobre 2019. L’enquête auprès du personnel interroge toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs au sujet de leur motivation et de leur engagement. Les membres de la société du groupe CFF Cargo seront également sondés. L’enquête auprès du personnel est réalisée par la société empiricon AG, entreprise externe indépendante, sur mandat des CFF. Cette dernière garantit l’absolue confidentialité des données recueillies. L’enquête auprès du personnel se fonde sur l’extrait de système du 31 août 2019. Cela signifie que ton feed-back porte sur l’unité dans laquelle tu travailles au 31 août 2019. Toutes les équipes comprenant plus de cinq participants recevront une évaluation d’équipe. Même avec cinq participants, l’anonymat des personnes qui ont répondu est garanti. La Commission du personnel se tient à la disposition des collaboratrices et collaborateurs en cas de questions. Le questionnaire sera mis à disposition en onze langues. Tu trouveras des informations détaillées dans l’intranet en saisissant le mot-clé «Motivation du personnel».