«Je ne suis pas accro à l’adrénaline»

Originaire de Bellinzone, Florian Schauwecker, 30 ans, est guide de canyoning et gérant de l’entreprise purelements® spécialisée dans les loisirs en plein air. Dans cette interview, il évoque son métier de rêve, les caractéristiques exceptionnelles du gneiss et de la pratique du canyoning en hiver.

Temps de lecture: 5 minutes

Florian, comment as-tu découvert le canyoning?

À la fin de mes études de tourisme, j’ai fait un stage dans une entreprise qui proposait des sorties canyoning. C’est comme ça que je me suis retrouvé pour la première fois dans un canyon. J’ai eu le coup de foudre et me suis directement inscrit à une formation de guide.

Tu n’as donc pas suivi le parcours classique en faisant de ta passion ton métier?

Non. Avant de faire ce stage, j’étais pour ainsi dire néophyte. J’ai décidé de devenir guide au bout de trois descentes seulement, sans passer par la case loisirs.

«Et, pour être tout à fait franc, j’ai beau être Tessinois, à l’époque je ne savais même pas que mon canton était un paradis du canyoning.»
Florian Schauwecker

Comment expliquer que le Tessin se prête aussi bien à la pratique de ce sport?

Le Tessin n’est pas très grand. Mais on y a l’embarras du choix: plus de 200 canyons sont équipés de points d’ancrage permettant la réalisation de sorties sécurisées. En plus, les gorges sont très faciles d’accès. Que ce soit en voiture ou à pied. Dans d’autres régions, il faut parfois une journée de marche pour accéder à un canyon sympa. Enfin, le Tessin a un autre atout majeur: le gneiss, la roche locale.

Le gneiss? Qu’a-t-il de si particulier?

Au fil des siècles, l’eau en ruisselant a érodé cette roche tendre et l’a polie. De magnifiques formations rocheuses et des surfaces lisses comme des toboggans ont ainsi vu le jour. Il y a aussi beaucoup de sites propices aux sauts et aux descentes en rappel. Une diversité qu’il est rare de trouver ailleurs, dans des pays où d’autres types de roches prédominent. Le facteur plaisir est donc énorme dans les gorges du Tessin.

Qu’est-ce qui te fascine dans le canyoning?

Le fait qu’on pratique différentes activités: sauter, glisser, descendre en rappel, marcher, nager. Et tout ça dans un cadre magnifique, au cœur d’une nature exceptionnelle. Ce sport me permet aussi de décompresser à la fin d’une journée stressante. Une fois dans le canyon, je me donne à 100%. Je vis l’instant présent. Concentré sur ce que je fais. C’est tellement beau et intense que j’en oublie le quotidien. À la fin, je suis totalement détendu. Pour moi, c’est une sorte de méditation. C’est fascinant.

C’est plutôt sympa de pouvoir décompresser en travaillant. La plupart des gens évacuent le stress pendant leurs loisirs.

C’est en effet l’un des aspects les plus réjouissants de mon métier.

Aurais-tu un job de rêve?

On me dit souvent que mon cadre de travail a de l’allure ou que j’ai un super job. Mais il ne faut pas oublier les responsabilités. Un guide doit prendre les bonnes décisions. Le travail est parfois très exigeant, physiquement et psychiquement. L’eau et l’adrénaline, ça épuise. Mais effectivement, pour moi, c’est un job de rêve.

Quel est le revers de la médaille?

Je ne suis pas toujours sur le terrain. Je suis souvent devant mon ordinateur. Pour moi, la journée de travail commence vraiment quand je quitte le canyon et m’assois à mon bureau pour répondre à mes e-mails et organiser les sorties.

«Bref, j’adore mon travail, même si je me passerais bien de certaines choses. Mais c’est pareil dans tous les métiers.»
Florian Schauwecker

Et tes loisirs dans tout ça?

En été, je suis très pris par le travail. C’est plutôt difficile, mais je prends tout de même le temps de sortir en kayak ou en VTT. J’ai plus de loisirs en hiver quand la saison de canyoning est terminée. Je fais alors de l’escalade, de la randonnée ou du splitboard. De temps en temps, je pratique aussi le canyoning hivernal.

Le canyoning hivernal? Ça doit être frigorifiant et épuisant.

Oui, c’est pourquoi le canyoning hivernal n’est pas proposé au grand public. D’une part, ça n’intéresse pas grand monde et, d’autre part, il y a moins de touristes au Tessin en hiver. En plus, il est important de ménager la faune et la flore et de laisser les gorges au repos en hiver. Le canyoning hivernal se pratique dans des conditions spéciales. Les températures sont si basses que de la glace peut se former. L’eau n’a peut-être que deux ou trois degrés et il faut donc compléter son équipement. Des gants en néoprène, des chaussettes épaisses et une combinaison étanche sont nécessaires. Tout est un peu plus compliqué et c’est plus dangereux. C’est une activité assez extrême que tout le monde ne peut pas pratiquer.

VTT, freeride, canyoning hivernal: tu es accro à l’adrénaline?

Pas du tout. Je ne suis pas accro à l’adrénaline. J’aime être dehors et faire du sport. Peu importe lequel finalement, mais il est vrai que l’eau te donne une énergie particulière. Autrement, bien sûr que l’adrénaline c’est cool, mais il ne faut non plus exagérer. Je n’ai pas besoin de pratiquer le saut en parachute ou à l’élastique tous les jours pour me sentir bien.

Tu as trente ans. Combien de temps penses-tu encore exercer cette activité?

J’espère pouvoir exercer encore longtemps ce travail qui me plaît. Les tâches sont très variées et j’accorde des pauses régulières à mon corps, par exemple lorsque je suis au bureau. C’est important. Et quand on est à l’écoute de son corps, on peut rester actif très longtemps. Ce qui est sûr, c’est que je serais bien incapable de passer mes journées assis devant un ordinateur.

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