«Je suis fier de ma passion»

Originaire de Remetschwil, Fabian Knecht est un véritable passionné du chemin de fer. Équipé de son appareil photo, il passe son temps libre à chasser les trains. Plus ils sont rares, plus il est content. Son terrain de chasse favori: la Suisse romande.

Temps de lecture: 7 minutes

Rendez-vous est donné à la gare de Berne, voie 5. Le jeune homme a les yeux rivés sur son smartphone. T-shirt, pull, veste légère, il porte plusieurs couches de vêtements. Appareil photo autour du cou, sac à dos sur les épaules, chaussures de marche aux pieds.

C’est sûrement lui.

Il lève la tête et nous gratifie d’un regard amical. «Bonjour! Comment ça va?».

C’est bien lui.

Le jeune homme s’appelle Fabian Knecht, il a 21 ans et est passionné par le monde ferroviaire. Durant son temps libre, il parcourt la Suisse pour photographier des trains particuliers et des compositions insolites. Son objectif du jour: un train céréalier français. Il devrait passer à Arnex peu après midi. «J’aurai peut-être même encore le temps d’aller prendre des photos à mon endroit préféré à Auvernier, près de Neuchâtel», nous explique Fabian.

Tout a commencé avec un train à vapeur

Fabian s’est découvert cette passion il y a huit ans. Son grand-père l’avait alors emmené pour un voyage hors du commun à bord du train à vapeur de la Furka.

«La bonne odeur de suie, le sifflement des échappements de fumée et le grincement des voitures resteront gravés en moi à tout jamais!»
Fabian Knecht

Le voyage allait d’Oberwald à Realp, à 1546 mètres d’altitude. «J’ai adoré ressentir les cahots du train, cette incroyable puissance.» Cette expérience a éveillé en Fabian une nouvelle passion, tout d’abord pour les trains de voyageurs anciens et, plus tard, pour tout ce qui roule sur des rails.

Des loisirs sous le signe du chemin de fer

Depuis cet instant, Fabian consacre tout son temps libre à l’univers ferroviaire. Il a un train miniature, lit des magazines ferroviaires et écoute des podcasts sur le sujet. Son rêve: habiter un jour dans une ancienne gare.

Tous les jeunes de son âge ne comprennent pas toujours sa passion.

«Je dois souvent expliquer pourquoi j’aime les trains. Mais j’en suis très fier. Je vois du pays, je sors dans la nature et je bouge beaucoup.»
Fabian Knecht

Et il jouit d’une forte popularité: près de 2000 personnes suivent son compte Instagram.

Encore quelques photos vite fait

Arrivée à Arnex. Fabian traverse le petit village. Il s’arrête devant un vaste champ, au fond duquel on aperçoit deux voies. «On sera bien ici.» Fabian vérifie son smartphone. «Le train céréalier passe dans une heure. D’ici là, nous devrons avoir trouvé un autre emplacement.» La raison en est simple: le soleil éclairera alors les wagons depuis de l’autre côté de la voie, ce qui créera une ombre latérale peu flatteuse.

Fabian consulte régulièrement son smartphone. Un ami lui fournit en permanence des informations sur les trains, leurs horaires et leurs lieux de passage: trains de voyageurs, trains de marchandises, trains spéciaux. Fabian a de nombreuses relations dans le monde des passionnés du rail. Des relations qu’il met d’ailleurs à contribution en ce moment même. «Deux trains ICN ne vont pas tarder à passer, suivis d’un Flirt.» Fabian profite de l’occasion pour photographier les trois trains tant qu’ils ne projettent pas encore d’ombre latérale.

Encore 30 minutes avant le passage du train céréalier. Le moment est venu de changer d’endroit. Fabian sait précisément où aller. «Au-delà de la gare d’Arnex, la voie suit une courbe. De là, le train continue en direction de Vallorbe. C’est l’endroit idéal.» Il avance à bonne allure sous les rayons brûlants du soleil. On comprend alors l’intérêt des différentes couches de vêtements qu’il porte.

À la boucle d’Arnex

Fabian atteint la boucle au bout de 20 minutes de marche. Le ciel azur et le champ aux longues perspectives constituent le décor parfait. Fabian recherche l’angle idéal et la juste distance par rapport aux voies. Il est important pour lui de soigner l’esthétique de ses photos. Il vérifie la lumière, l’écart entre les mâts et s’assure que «le pantographe ne se confond pas avec un pylône».

«Voilà le train céréalier!», s’exclame-t-il soudain. Fabian semble à présent avoir développé un sixième sens pour les trains. On ne distingue en effet encore aucun son ni mouvement. Ce n’est que quelques secondes plus tard que le train apparaît à l’horizon. Le fameux train céréalier. Les choses sérieuses commencent. Lentement, le convoi de wagons de couleur rouille et grisâtre progresse sur la courbe. Alors que la locomotive s’engage sur la ligne droite, Fabian lève la main. Un signe adressé au pilote de locomotive pour lui indiquer que tout va bien. Fabian actionne alors le déclencheur. L’appareil photo émet un clic, puis deux, trois, quatre. Et voilà. Fabian regarde le train de céréales s’éloigner. Un large sourire illumine son visage.

L’objectif est atteint. Pourtant, Fabian en redemande. Il tient encore à se rendre à Auvernier. À bord du train, il pianote sur son smartphone. Il partage sa sortie avec ses abonnés. Il s’efforce de poster au moins une photo par jour.

Un faible pour la Suisse romande

Arrivée à Auvernier. «Bonjour», dit-il à une dame en passant à côté d’elle. Elle lui rend aimablement la pareille. Fabian emprunte de petites ruelles qui l’amènent à son endroit préféré par-delà les vignobles. Il ne peut contenir son enthousiasme: «Ces vignobles sont magnifiques, surtout en été, à la floraison.» La Suisse romande l’a conquis. Il y a quelques années, il terminait sa dixième année de scolarité à Lausanne. À cette occasion, il a non seulement perfectionné ses connaissances en français, mais aussi appris à aimer la région.

Des trains passent chaque minute. Fabian en photographie quelques-uns et en laisse passer d’autres. Il en a déjà immortalisé beaucoup à d’innombrables reprises. Mais sa passion ne s’émousse pas pour autant. «On ne peut jamais savoir à l’avance quelles locomotives et quels wagons sont utilisés pour les trains de marchandises.» Il aimerait tout particulièrement voir dans son viseur la Re 420 au design spécial pour les 175 ans du chemin de fer en Suisse. «J’ai aperçu la locomotive à Olten dans la matinée. Mais je n’ai pas réussi à savoir où elle allait.» C’est pourquoi Fabian attend le train de marchandises de 16h21.

Le train est parfaitement à l’heure. Fabian se positionne, actionne le déclencheur et vérifie la photo sur l’appareil. Hélas, il ne s’agit pas de la locomotive au design festif. Il ne semble pas trop déçu: «Ce sera pour une autre fois.» Il est temps de rentrer à présent.

Retour au point de départ

Fabian s’installe confortablement dans le train qui s’apprête à partir en direction d’Olten. Il accroche sa veste au crochet, prend place et abaisse l’accoudoir. C’est ce qu’il fait toujours avant un long trajet. Il en a environ pour deux heures avant d’arriver à Remetschwil. Un trajet qu’il connaît par cœur. Pourtant, Fabian ne s’en lasse jamais. Il y a toujours une nouveauté à découvrir, puisque «le train permet de voir les choses dans le détail. Ce n’est pas le cas lorsque l’on voyage en avion ou en voiture». Et si Fabian veut se reposer un peu, il lui suffit de se déconnecter.

«Quand je regarde par la fenêtre en écoutant de la musique, je ne pense plus à rien. C’est le meilleur moyen pour me détendre.»
Fabian Knecht

Un coup de sifflet retentit depuis la voie à Neuchâtel. Les portes se referment en un bruit caractéristique. Le train gémit et se met en mouvement. Fabian affiche un sourire au coin des lèvres. Ce trajet qui longe les lacs de Neuchâtel et de Bienne est celui qu’il préfère.

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