À pied d’œuvre quand tout le monde (ou presque) est à la fête

Le chemin de fer ne prend jamais de vacances, pas même les jours de fête. De nombreux membres du personnel des CFF doivent donc travailler à Noël. Est-ce à dire qu’il s’agit d’une période impopulaire qui attire peu de volontaires? Loin de là, comme le montrent ces témoignages.

Temps de lecture: 6 minutes

Travailler à Noël... Dans beaucoup d’entreprises, il n’en est pas question. On éteint les lumières et on ferme les portes: à l’année prochaine! L’activité ne reprend en effet qu’après le Nouvel An. Mais dans une entreprise comme les CFF, il n’y a pas le choix: même pendant les fêtes, il faut du personnel pour que les trains circulent. De nombreuses personnes sont donc à pied d’œuvre sur le terrain et en coulisses. Petite sélection.

Engela Hegelbach, pilote de locomotive 

«Je suis toujours contente de prendre mon service pendant les fêtes. Je travaille tous les soirs pendant la période de Noël. Cela ne me fait rien d’être dehors quand la plupart des gens sont réunis autour du sapin. Au contraire, je trouve que rouler dans l’obscurité à cette époque de l’année a un certain charme. J’aime tout particulièrement la ligne sur la rive droite du lac de Zurich: c’est une jolie succession de fenêtres et d’arbres ornés de guirlandes lumineuses. Il m’arrive d’apercevoir un salon décoré de manière festive depuis la cabine de conduite. 

Comme toujours à Noël, j’affiche «Joyeux Noël» sur mes trains. Cela donne le sourire aux gens. Ils sortent leur téléphone, photographient le message ou viennent à l’avant toquer à la vitre de la cabine. Cela n’arrive qu’à Noël! Les pendulaires stressés ont cédé leur place à des familles avec enfants. Tout est plus calme et plus convivial.  

Comme je n’ai pas d’enfant, j’assure volontiers ce service pour qu’un ou une collègue puisse profiter de ses proches. Mon entourage personnel s’accommode de mes horaires irréguliers. Ainsi, cette année, nous fêterons Noël le matin, et, le soir, je conduirai nos clientes et clients vers leur famille et leurs ami·e·s.» 

David Pirrello, conducteur de véhicules moteur B100

«Selon mon horaire de travail, de jour ou de nuit, mes tâches sont différentes. Quand on est de jour, on privilégie la préparation du matériel qui servira aux travaux qui se feront durant la nuit et qu'on acheminera en temps voulu sur place. C'est aussi nous qui nous chargeons de la protection des personnes. Quand un train s'approche du chantier, ensemble avec les ‹sentinelles› placées en amont et en aval du chantier, je suis responsable de l’évacuation des ouvriers dans un dégagement de sécurité (ndlr: une zone de repli hors des voies).

Pendant de nombreuses années, j’ai pu profiter de Noël avec ma famille. Maintenant je prends volontiers le piquet des fêtes à la place de collègues qui ont eux-mêmes de petits enfants ou une famille éloignée. J’aime beaucoup mon travail et ce piquet ne représente pas une grosse contrainte pour moi. Comme on suit de toute façon un rythme irrégulier, une semaine de piquet est suivie d’une semaine de congé. On a donc toujours congé soit à Noël, soit à Nouvel-An quand nous ne sommes pas d’astreinte.

À Genève, l’hiver, on a souvent une météo plus clémente qu’en montagne. Il arrive quand même qu'une forte chute de neige recouvre complètement les appareils de voie et ce qu'on appelle les «nains», soit les indicateurs de parcours, qui signalent par exemple à un train qu'il doit s'arrêter. Forcément, ça occasionne davantage de travail car il faut les dégager. Mais un Noel qui n'est pas blanc, ce n’est pas vraiment Noël… Alors si je pouvais choisir, je n’hésiterais pas à me munir de ma pelle et, qui sait, à libérer quelques «lutins» de Noël pour rendre plein de petits enfants heureux et tout fous de voir tournoyer les flocons au-dessus d’eux!»

Fabio Pala, chef Assistance clientèle

«Je ne suis employé aux CFF que depuis deux ans. J’ai effectué presque toute ma carrière dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. J’ai donc l’habitude de travailler aussi pendant les fêtes. Notamment en tant que directeur d’hôtel, je mettais un point d’honneur à être présent pour mes hôtes au quotidien. Cette expérience m’a appris que de nombreuses personnes sont tristes ou esseulées à Noël. C’est pourquoi cette année, je me suis porté volontaire pour être de service les 24, 25 et 26 décembre. J’aimerais faire plaisir aux clientes et clients pendant ces jours particuliers, éventuellement les réconforter et passer du temps avec eux. J’ai acheté des chocolats que je prévois d’offrir. J’ai bien sûr conscience que tout le monde n’est pas forcément d’humeur à écouter une petite blague ou à bavarder. Évidemment, je respecte ce choix. 

Pour moi, Noël revêt une grande importance, car je suis très religieux. La foi est mon moteur pour accomplir de bonnes actions envers autrui. Et j’ai le temps de fêter Noël malgré le travail. Je serai avec ma femme pour le réveillon, nous dégusterons une oie et regarderons à la télévision la messe de Noël célébrée par le Pape, comme chaque année. Je renonce à la messe de minuit pour cette fois. Je veux être en forme pour ma journée de travail du 25 décembre.»

Melanie Studer, conseillère à la clientèle au Contact Center

«Je suis employée au Contact Center des CFF à Brigue depuis mai 2020. J’aime beaucoup mon travail et je suis contente de pouvoir travailler dans ma région. Avant, j’étais dans l’hôtellerie. Par conséquent, j’ai l’habitude de travailler en dehors des heures de bureau classiques. Je n’ai pas d’enfant, donc ce n’est pas un problème pour moi d’être de service à Noël. Je fêterai le 26 décembre. L’essentiel, c’est que toute la famille soit réunie, peu importe la date.

Je m’attends à une période plutôt calme pendant les fêtes. Il y a toujours beaucoup à faire les semaines qui précèdent car les gens organisent leurs déplacements pour cette période. Cette année, c’est la première fois que je suis de service à Noël. J’ai vraiment hâte de voir comment cela va se passer! J’imagine que l’ambiance avec la clientèle est très chaleureuse à Noël. Mes collègues m’ont raconté qu’il y a chaque année des personnes qui appellent parce qu’elles ont oublié leurs cadeaux dans le train. Au Contact Center, nous enregistrons directement ces avis de perte, à condition qu’il y ait du personnel de contrôle à bord et qu’il reste encore au moins 30 minutes de voyage. J’espère naturellement pouvoir ainsi faire le bonheur d’une personne ou d’une autre en accomplissant un petit miracle.

Je ne travaille pas le 31 décembre. Je fête toujours la nouvelle année à ma manière: c’est mon anniversaire!»

Dusan, Nikita, Denise ...

... et de nombreux autres collaboratrices et collaborateurs sont aussi au service de la clientèle.

    • Copier le lien dans le presse-papiers