«Le dialogue importe davantage que l’événement en lui-même»

La première journée du numérique pour la population suisse aura lieu ce 21 novembre. Andreas Meyer, CEO des CFF explique l’utilité d’une journée du numérique et les raisons de l’engagement des CFF.

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Monsieur Meyer, pourquoi les CFF sont-ils si impliqués dans la journée du numérique?

Parce que la transformation numérique modifie à la fois le visage de la société et de l’économie, mais aussi de la mobilité. Elle revêt une importance capitale pour notre pays, en témoigne la participation de la présidente de la Confédération, Doris Leuthard, ainsi que des conseillers fédéraux Johann Schneider-Ammann et Alain Berset. Le 21 novembre, nous invitons les jeunes et les moins jeunes à se rendre dans nos gares de Zurich, Genève, Coire et Lugano afin de découvrir la numérisation et d’engager un dialogue.

On entend souvent parler des opportunités liées à la transformation numérique. Quelles sont-elles pour les CFF?

La transformation numérique nous offre l’opportunité d’améliorer l’efficacité et de répondre de manière beaucoup plus individuelle et personnelle aux besoins de notre clientèle grâce à de nouveaux modèles d’affaires numériques. Prenons l’exemple du planificateur de voyage Mobile CFF: nous le faisons évoluer comme une plateforme de mobilité intermodale pour l’ensemble de la Suisse. L’automatisation dans le trafic marchandises remplace de nombreux processus manuels. Avec «SmartRail 4.0», nous entendons augmenter nos capacités jusqu’à 30% et diminuer considérablement nos coûts, ce en travaillant conjointement avec d’autres compagnies ferroviaires et grâce à de nouvelles technologies: davantage de trains, un horaire plus dense avec moins de dérangements et une meilleure information clientèle à moindre coût – voilà la technique ferroviaire du futur.

Et quelles sont les opportunités pour la Suisse?

La numérisation est un formidable moteur d’innovation pour la société et l’économie. Il devient possible de faire davantage, et même mieux, avec moins. De telles possibilités ouvrent un immense potentiel économique. De ce fait, la transformation numérique revêt une importance capitale pour notre pays. En outre, la Suisse dispose de conditions idéales pour réussir cette mutation et en faire bénéficier le plus grand nombre. L’économie et la science entendent faire progresser la transformation numérique grâce à des projets concrets et coordonnés. À cette fin, le plan d’action numérique pour la Suisse a été lancé par l’organe consultatif du Conseil fédéral «Transformation numérique», avec le soutien de «digitalswitzerland». Je suis personnellement très engagé dans ce projet.

La transformation numérique suscite toutefois également des craintes.

Oui, absolument. Face à toutes les opportunités qu’offre la transformation numérique, il faudrait veiller à ne pas succomber à un simple «effet de mode numérique» et à en oublier la raison d’être de notre activité: la ponctualité, la sécurité et l’état du réseau restent nos priorités. Nous devons nous interroger sur la transformation numérique et les craintes qu’elle suscite. Je vais rencontrer prochainement des mécaniciens de locomotive à Olten, en présence de Markus Jordi, chef du personnel CFF, et de Mani Haller, responsable Conduite des Trains.Je souhaite discuter avec eux de la manière dont le virage numérique modifie leur profession. Ce ne sera qu’un début: je souhaite également engager le dialogue avec d’autres catégories professionnelles. En effet, de nombreux profils de métiers changent avec la numérisation. Nous pouvons tirer parti des opportunités qu’elle nous offre, mais nous devons veiller à les exploiter correctement; c’est pourquoi nos collaboratrices et collaborateurs, qui disposent de connaissances étendues, sont indispensables. Nous avons l’opportunité de développer ensemble le monde du travail de demain.

Cela donne envie, mais, pour reprendre le même exemple, la numérisation tend vers des trains autonomes, ce qui signifie qu’un jour, nous n’aurons plus besoin de mécaniciens de locomotive.

Je ne partage pas cet avis. Le mécanicien de locomotive assumera des tâches différentes par rapport à aujourd’hui, par exemple davantage de tâches de surveillance, car la technique peut permettre de réduire les travaux de routine. Je suis convaincu que nous aurons encore du personnel à bord de nos trains pendant très longtemps.

Revenons-en à la journée du numérique: qu’est-ce qui est le plus important à vos yeux?

Deux choses: en premier lieu, avoir la possibilité d’expérimenter le domaine de la numérisation. Montrer des exemples concrets de ce que le virage numérique permet déjà aujourd’hui, comme le robot distributeur Mario, dont vous avez certainement entendu parler, ou encore les possibilités offertes par notre appli Mobile CFF. Pour la première fois, les passants pourront visiter la gare centrale de Zurich en réalité augmentée et ainsi découvrir et expérimenter la mobilité de demain et les futures tendances d’une manière ludique. Nous pourrons également faire découvrir la technique ferroviaire de demain au plus grand nombre par une retransmission en direct depuis le Centre d’exploitation Est.

Et en second lieu?

En second lieu, et cela me semble plus important encore qu’un événement sur la numérisation, aussi formidable soit-il: engager le dialogue avec la population, les collaboratrices et collaborateurs, les partenaires sociaux ainsi que les femmes et hommes politiques afin de discuter des opportunités mais également des risques de la transformation numérique.

Vous trouvez des informations supplémentaires sur la Journée du digital ici.

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